première diffusion avril 2012, dernière mise à jour juillet 2012
L'exposé ci-dessous ne correspond pas aux résultats d'une étude détaillée issue de recherches minutieuses et d'analyses statistiques complexes, mais plus simplement d'ordres de grandeur basés sur l'intuition de l'auteur, ayant pratiqué le tennis de manière assidue pendant deux décennies. Son objet est de prendre conscience de la logique de réflexion sous-jacente à l'établissement d'un bilan carbone®, notamment lorsqu'il s'agit d'appréhender le périmètre de calcul, souvent beaucoup plus vaste qu'il n'y paraît au premier regard. En téléchargement l'article du mensuel Tennis Magazine, qui a relayé cette pré-étude en publiant une synthèse sur "le Bilan Carbone d'un joueur amateur". dans son n°432 daté de juillet 2012.
La raquette de tennis n'a pas pour vocation première d'être exposée au mur ou dans une vitrine, mais de permettre la pratique du tennis... Ainsi son bilan carbone® ne se limite donc pas à sa seule fabrication et son transport, mais à l'ensemble de la pratique qu'elle suscite. Nous considérerons donc dans cette analyse un joueur amateur achetant une raquette tous les deux ans, ou bien deux raquettes tous les quatre ans, et ayant une pratique de l'ordre de 80 parties de tennis par an. Il est donc nécessaire de prendre en compte, dans le périmètre indirect des émissions de la raquette, diverses hypothèses sur :
Notons que le supplément de CO2 directement expiré par le joueur du fait de ses courses effrénées aux quatre coins du court n'a pas lieu d'être ajouté car il correspond au carbone du supplément d'aliments qu'il a préalablement ingurgité et qui ont naturellement été prélevé dans l'atmosphère par les plantes lors de leur croissance (Le poste "nourriture" correspond aux émissions annexes de fabrication comme les engrais, leur épandage, le méthane de l'élevage, les transports, etc...). Bref on commence à se douter que l'impact de l'achat de la raquette, acte indispensable et déclencheur, va probablement être une goutte d'eau noyée dans le flots des émissions indirectes...
Le diagramme ci-contre présente une estimation en ordre de grandeur de l'ensemble des émissions, exprimées en kg équ. CO2 / année de pratique. La valeur totale du Bilan Carbone® de la raquette est donc, selon notre hypothèse d'amortissement sur 2 ans, le double de la somme de ces postes. Par ordre d'importance, les principaux postes d'émissions sont donc :
Les émissions de la raquette elle-même, considérée isolément, ne représentent donc qu'une petite fraction du matériel, et sont très inférieures à 1 % du total, donc négligeables à l'échelle du joueur. Cependant, vu du Bilan Carbone® du fabricant de la raquette, qui en commercialise beaucoup, l'impact global est lourd et l'optimisation carbone des raquettes elles-mêmes constitue un poste qui vaudra la peine d'être optimisé dans le cadre d'une démarche carbone. Il en va de même pour de nombreux autres composants de cette analyse, qui sont souvent insignifiants à l'échelle du joueur par rapport à ses déplacements, mais qui sont néanmoins globalement très significatives pour celui qui en commercialise de très grandes quantités, et qui n'en constitue pas moins pour eux un enjeu majeur du changement climatique. A noter, toujours en ordre de grandeur, que le total représente environ 500 kg équ. CO2 / an, soit environ 5 % des émissions de gaz à effet de serre d'un français en moyenne (donc si tous les français pratiquaient le tennis comme notre amateur ci-dessus analysé, les émissions totales représenteraient environ 5 % des émissions du pays). Dans ce cas particulier hypothétique, la réduction significative des émissions passe d'abord et a priori par la pratique régulière de l'activité dans le club le plus proche de son domicile (voire de son travail), occasionnellement dans des clubs peu éloignés, par l'utilisation de véhicules les plus économes possibles en carburant, et par l'optimisation de l'éclairage et de l'eau chaude sanitaire des installations utilisées.
Il serait tentant d'extrapoler l'analyse précédente au joueur professionnel, qui use beaucoup plus de matériel et surtout se déplace très largement davantage à travers la planète, et d'en déduire que c'est un individu hautement énergivore et émissif, à stigmatiser car contribuant bien plus fortement au réchauffement global que le modeste amateur ci-dessus considéré... Une telle déduction est en fait bien trop hâtive : le joueur professionnel fait partie d'un ensemble d'événements tennistiques, à savoir les tournois du circuit, qui certes génèrent un ensemble d'émissions globales massives par joueur (notamment en déplacement des joueurs eux-mêmes, de leurs accompagnateurs, du personnel d'organisation, des journalistes, et des spectateurs), mais qui par ailleurs permet la diffusion de reportages écrits et télévisés qui fixent des millions de téléspectateurs chez eux, leur permettant de se distraire en ne consommant que très peu de matériel et d'électricité. Une autre manière de réfléchir à l'impact d'un joueur professionnel moyen serait de se demander quelles seraient les nouvelles activités et émissions correspondantes de l'ensemble des personnes impliquées (des joueurs aux téléspectateurs) si le circuit professionnel de tennis n'existait pas... sachant par ailleurs que le tennis amateur subirait alors de fait une certaine désaffection, qui correspondra à un report vers des loisirs à identifier et à caractériser en émissions de substitution... Dans l'attente d'une telle analyse extrêmement complexe, le premier pas du circuit professionnel dans la lutte contre le réchauffement climatique sera de réduire significativement le bilan carbone® de ses tournois, sans nuire à leur intérêt médiatique et notamment télévisuel !
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